Réchauffement climatique : " Je ne suis pas désespéré"

Gerhard Krinner, directeur de recherche CNRS-UGA3
Gerhard Krinner, directeur de recherche CNRS-UGA3

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Gerhard Krinner, directeur de recherche du CNRS à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble et rapporteur du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat(Giec), nous explique qui sont les climatologues.

Bonjour Gerhard Krinner, pouvez-vous nous dire à quand remonte la science du climat ?

Depuis la nuit des temps, l'homme cherche à comprendre la météo. Mais l'idée de définir les différents types de climats, de les prédire et de les anticiper date d'environ 100 ans. Les interrogations sur l'impact de l'homme et de ses activités sur notre climat nous viennent du chimiste suédois Svante August Arrhenius né en 1859: il fut le premier, un crayon et un papier en main, à calculer que si les concentrations de CO2 doublaient, le climat terrestre augmenterait de 5 degrés. Il n'était pas si loin des projections que nous faisons aujourd'hui, dont les premières ont été stabilisées par la communauté scientifique il y a environ 60 ans.

Et concrètement aujourd’hui, à quoi correspond votre métier ?

Il y a plusieurs types de climatologues: des climatologues de terrain, du climat passé, et du climat futur. Ce dernier, comme moi, utilise des statistiques qui se basent sur la météo à long terme, sur 30 ans. Notre objectif est de déterminer les températures moyennes ou les événements extrêmes comme les sécheresses par exemple, qui caractériseront notre environnement futur et, d'autre part, de comprendre les raisons de ces futures réalités climatiques. Pour réaliser nos projections, on utilise des données captées partout sur la planète, dans des stations d'observation à bord de bateaux, d'avions, ou de bouées… Les sédiments océaniques ou d'un lac, les carottes de glace ou les années de croissance des troncs d'arbre sont aussi de bons indicateurs à notre portée.

N’êtes-vous pas un peu désespéré de la situation malgré les rapports alarmants du Giec et les multiples alertes des Conférences internationales sur le climat (Cop) qui semblent peu suivis d'effets ?

Non, je ne suis pas désespéré. Depuis les premiers rapports du Giec en 90, des progrès ont été faits pour faire la chasse au Co² , les véhicules électriques arrivent, les programmes liés à l'isolation des habitations fonctionnent, et on essaye, tout du moins dans nos régions, de stabiliser nos émissions. Mais il faut encore accentuer les efforts, sans quoi en 2100, les températures augmenteront de 3 degrés supplémentaires avec des conséquences accrues dans nos régions continentales. En France, cela occasionnera des sécheresses en région méditerranéenne, des écoulements très forts en montagne, la disparition de la moitié de la masse des glaciers actuels, l'augmentation des précipitations en hiver, leur diminution en été, et plus d’événements extrêmes. Les conséquences seront considérables dans tous les secteurs d'activité : agricole, industriel, transport… Économiquement, il coûterait moins cher de s'y mettre dès aujourd'hui plutôt que de payer les conséquences de notre inaction.

Vue aérienne de Grenoble
Vue aérienne de Grenoble : Grenoble Alpes Métropole
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