ENGAJER, un dispositif pour accompagner les jeunes en situation de précarité

S'exprimant au micro, Abdelkader, 21 ans (voir son témoignage en fin d'article).

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Piloté par Grenoble Alpes Métropole, le programme ENGAJER est un parcours d’accompagnement global à destination des jeunes en difficulté âgés de 16 à 25 ans. Une quarantaine de jeunes du territoire sont actuellement concernés.

Tous les jeunes ne démarrent pas leur vie d’adulte avec les mêmes chances de réussite. Certains gardent les séquelles d’un environnement familial compliqué voire maltraitant, d’autres combattent des addictions ou sont confrontés à l’échec scolaire, à la maladie… Souvent, les problématiques s’entrecroisent et s’additionnent, plaçant le jeune en situation de précarité.

En mai 2022, la Métropole - via son PLIE - répondait à un appel à projet de l’État dédié à ces jeunes dits « en rupture ». Celui-ci visait à leur proposer un accompagnement renforcé sur les questions d’insertion socio-professionnelle mais aussi de logement ou de mobilité.

Lauréate de cet appel à projet, la métropole grenobloise lançait alors au mois de décembre dernier le programme ENGAJER (Ensemble Grenoble Alpes pour les Jeunes en Rupture). Cette expérimentation de 21 mois vise à repérer 400 jeunes afin d’en accompagner près de la moitié vers la signature d’un contrat engagement jeunes (allocation de 500€/mois en contrepartie de 15h d’activités par semaine) en lien avec les missions locales.

Pour mener à bien ce projet, la Métropole a mis en place un consortium rassemblant une dizaine de partenaires jeunesse du territoire et de nombreuses associations. Parmi eux, le CCAS de la Ville de Grenoble, la Mutualité de l’Isère, l'APASE, le CODASE, l'école de la deuxième chance, les Apprentis d'Auteuil...

Concrètement, chaque jeune est reçu par un travailleur social qui va effectuer un diagnostic de sa situation, l'accompagner tout au long de son parcours et l’orienter vers des actions adaptées (cours de français, ateliers numériques…) ou des référents qui pourront l’aider dans ses démarches d'accès au logement ou aux soins par exemple.

« Il est essentiel d’être dans cet accompagnement personnalisé car les situations des jeunes sont complexes », explique Christophe Ferrari, président de la Métropole grenobloise. « Ce travail collectif a énormément de sens. Derrière chaque jeune, il y a un projet à construire. Il s’agit de ne pas en laisser certains sur le bord du chemin et aussi de trouver une suite à cette expérimentation ».

Bilan du dispositif après 6 mois de mise en place en présence des élus, des partenaires du projet et des jeunes soutenus.

Témoignages

Abdelkader, 21 ans

Venu de la campagne algérienne à l’âge de ses 9-10 ans, Abdelkader s’est retrouvé parachuté à la Villeneuve de Grenoble avec ses parents. « Je n’avais jamais été à l’école jusque-là donc j’ai dû apprendre le français, faire face à la violence de mon père qui me frappait et à la maladie parce que j’ai du diabète. Ça a été très compliqué ». Au collège, en totale rupture familiale avec ses parents, Abdelkader est hébergé dans une famille d’accueil puis dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance dans lequel « il ne s’épanouit pas ». Contraint d’arrêter ses études en bac pro faute de stage, il enchaîne les petits boulots (agent de sécurité, valet de chambre, serveur…). « Moralement, ça a été très difficile. J’ai été confronté au mépris, au racisme, à l’injustice… ». Mais Abdelkader garde au fond de lui l’espoir de reprendre un jour ses études. Ce qu’il fait en s’inscrivant au bac en candidat libre l’année dernière, soutenu par le programme ENGAGER qui lui procure notamment un soutien scolaire. Mais pour Abdelkader, tout est un combat : « j’attends les résultats du bac et j’ai été pris en licence à Besançon mais je ne suis pas sûr d’obtenir la bourse qui me permettrait de suivre mes études là-bas ».
Il lance alors à destination du préfet et des institutions un appel qui lui tient à coeur pour que « les droits des enfants sortants de l’aide sociale à l’enfance soit garantis et que leur rescolarisation soit facilitée ».

Gaëtan, 23 ans

« Je n’ai pas de RSA, je n’ai rien. Mais je m’en sors quand même grâce à toutes ces personnes qui m’aident à avancer dans mon parcours sur la formation et le logement notamment. »

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